Les Aventures d'Oswald
Le Lapin Chanceux

Walt Disney Treasures - Les Aventures d'Oswald, Le Lapin Chanceux
La jaquette
Titre original :
The Adventures of Oswlald, The Lucky Rabbit
Production :
Walt Disney Animation Studios
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 11 décembre 2007
Série :
Walt Disney Treasures - Vague 7
Genre :
Cartoons
Film "live"
Présentation :
Leonard Maltin
Durée :
234 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le contenu

DISQUE 1
BONUS
DISQUE 2

La critique

rédigée par

Pas de film ici mais une simple compilation de courts-métrages réalisés par les studios Disney de 1927 à 1928 et dont le personnage central est l'aïeul de Mickey, Oswald.

La collection des Alice Comedies offre à Walt Disney, de 1924 à 1927, un premier et vrai succès d'estime. Pourtant, après trois saisons, son producteur Charles Mintz et lui-même considèrent que le mélange "live-toons", utilisé jusque là, a fait son temps et qu'il est nécessaire de se renouveler. Alice est donc stoppée dans ses aventures et contrainte de laisser sa place à un petit nouveau, entièrement animé en 2D : Oswald, le lapin chanceux.

En 1927, Charles Mintz est assurément en position de force. Les séries qu'il distribue ont, en effet, suffisamment de succès pour les proposer à des majors. Sa propre production, Krazy Kat, est ainsi achetée par Paramount tandis qu'il signe avec Universal la sortie de la toute nouvelle collection de Walt Disney. Ce dernier découvre, à l'occasion, les avantages d'une distribution à grande échelle, en terme de qualité d'exposition de ses œuvres et de puissance de marketing. Mieux, Universal le soutient, contre son distributeur attitré, dans sa volonté de ne pas poursuivre avec Julius, dont il a été, un temps, question de réaliser sa propre série détachée des Alice Comedies. Walt Disney souhaite, en effet, se tourner vers un personnage inédit et propose, dans ce but, les premières ébauches de sa "nouvelle star", Oswald. Universal est emballé, Charles Mintz se résigne, lui, à dire adieu définitivement au compagnon félin d'Alice.

Le changement de personnage étant acquis, Walt Disney et Ub Iwerks se concentrent sur le design du lapin. Ils travaillent notamment sur ses grands pieds et ses longues oreilles, en le structurant à partir de cercles, bien plus faciles pour faire mouvoir un toon. Mais, très vite, celui qui ne s'appelle pas encore Oswald leur donne du fil à retordre tant ses caractéristiques physiques sont complexes. Ses oreilles, spécifiquement, ne sont pas sans poser de problèmes de fluidité et de concordance dans les mouvements. Pour se faire la main, les deux compères mettent d'ailleurs les Alice Comedies à contribution : ainsi, certaines des souris apparaissant dans l'un des derniers épisodes, Alice the Whaler, se voient gratifiées d'oreilles particulièrement protubérantes...

Le nom du lapin est, en revanche, laissé au choix d'Universal. Il est, en effet, dû au responsable du Département Publicité de la major bien que Walt Disney, un brin revanchard, fera dire plus tard à sa fille Diane qu'il a été, en fait, tiré d'un chapeau. Universal croit dur comme fer au succès d'Oswald. Elle mise, il est vrai, beaucoup sur le personnage, renouant grâce à lui, depuis bien longtemps, avec une série animée. Des pages entières sont notamment achetées dans les journaux et vantent, avec enthousiasme, son arrivée au cinéma.

Avec le recul, Oswald est vu aujourd'hui comme la transition parfaite entre Julius, le chat des Alice Comedies, et Mickey Mouse, la souris. Il faut dire que ce nouveau personnage a de quoi épater la galerie. Libéré des contraintes de prises de vues réelles inhérentes à la série précédente, Oswald explose littéralement grâce à son énergie exubérante, son optimisme sans faille et son esprit de gentilhomme. L'adoption par le public est ainsi quasi instantanée et partage, après coups, avec Mickey Mouse, le même processus d'addiction. La qualité et l'invention de son animation invitent, en effet, le spectateur à vite s'attacher au personnage tandis que son comportement épouse toutes les conventions d'Hollywood. A la grande différence de Julius, Oswald est, il est vrai, un héros romantique, Don Juan à ses heures, ne ratant jamais une occasion de séduire la gente féminine, qu'elle soit d'ailleurs ou non, de son espèce. Peu importe, même, si ses décisions le plongent dans des situations inconfortables ou dangereuses, il sait toujours tirer son épingle du jeu. Mickey Mouse héritera deux ans plus tard, dans son tout premier cartoon, Plane Crazy, des mêmes traits de caractère. Il partagera également avec Oswald le fait d'avoir une petite amie attitrée même si le coquin lapin se fait fort d'hésiter, lui, entre Fanny, une lapine et une autre fiancée féline (son infidélité se limitant toutefois à seulement quelques cartoons !).

En février 1928, alors que la moitié des cartoons d'Oswald est déjà réalisée et que le succès du lapin va grandissant, Walt Disney rejoint New York en train, pour - pense t'il alors - simplement renégocier son contrat avec son distributeur, Charles Mintz. Sa série remportant tous les suffrages, il espère, en effet, obtenir une rallonge notable sur le prix d'un film, l'imaginant passé de 2250$ à 2500$. Le rendez-vous tourne malheureusement vite à la bérézina. Non seulement, le distributeur exige une baisse du coût par épisode mais annonce aussi avoir conclu, avec tous les animateurs clés, des contrats à son nom. Il a purement et simplement dépecer, à son profit, l'équipe de Walt Disney et sa capacité de production. Considéré aujourd'hui par tous les fans du papa de Mickey comme un véritable mécréant, Charles Mintz n'a pourtant agi que dans la stricte légalité. Le futur Maitre de l'Animation n'était pas, en effet, sans savoir que les contrats de l'époque donnaient alors le contrôle des séries et les droits sur les personnages exclusivement au distributeur et non pas au producteur. Si l'issue du contrat est douloureuse pour le grand Walt, elle n'est pas, sur ce point précis, une vraie surprise. La déception est, en revanche, légitime pour le comportement des animateurs qui n'ont, à deux exceptions prés, Les Clark et Ub Iwerks, fait preuve d'aucune loyauté et se sont "vendus" en secret au plus offrant.

Charles Mintz n'a pas pris à l'époque la mesure de la personnalité de Walt Disney. Son objectif n'est, alors, absolument pas de le court-circuiter au point de se passer de ses services. Au contraire, il souhaite l'intégrer à son équipe. Il n'envisage pas un instant que Walt Disney n'accepte pas sa proposition. Il n'est d'ailleurs ni le premier, ni le dernier à autant l'avoir sous-estimer. Le papa d'Oswald déchu se rend vite à l'évidence. Scandalisé, il abandonne, en effet, toute ambition sur son lapin chanceux, rompt tout contact avec Charles Mintz et Universal, se limitant strictement à honorer son contrat initial et terminer la livraison des cartoons prévus. Walt Disney est désormais convaincu qu'il lui faut voler de ses propres ailes. Avec l'aide de son frère Roy et des animateurs qui lui sont restés fidèles, Les Clark et Ub Iwerks, il entend ravir son indépendance et la protéger jalousement. La légende veut d'ailleurs que, dans le train le ramenant à Hollywood, Walt Disney imagine déjà un nouveau personnage : une petite souris...

Charles Mintz se retrouve vite dans une situation extrêmement délicate. N'ayant pas envisagé que Walt Disney lui claque la porte au nez, il se retrouve, il est vrai, seul, face à Universal, qui, ravi du succès d'Oswald, commande, sans se soucier des péripéties de production, une deuxième saison. Il s'organise donc, tant bien que mal, pour honorer le contrat et produire les cartoons lui-même, simultanément avec son autre série, Krazy Kat. Pour gagner du temps, il prend la décision de sortir le tout premier cartoon d'Oswald, Poor Papa, qu'il avait pourtant refusé un an plus tôt car jugé trop peu qualitatif ! Il ressort également deux anciens opus, The Fox Chase et Sagebrush Sadie. Les premiers Oswald produits par Charles Mintz s'intercalent finalement avec le dernier Oswald produit par Walt Disney. La vie cinématographique du personnage se poursuit cahin-caha. En 1929, les droits de la série changent à nouveau de mains et atterrissent chez Walter Lantz qui en assure la production, directement pour Universal, sans grand panache et ce, jusqu'à son arrêt total, dans le plus grand anonymat, en 1938.

En février 2006, la Walt Disney Company obtient les droits que Walt Disney lui-même n'avait jamais eu sur les 26 courts métrages d'Oswald qu'il signe pourtant à la fin des années 20. Les causes de ce rachat sont à chercher du côté des négociations entre chaines de télévision. NBC Universal, propriétaire des droits d'Oswald, le Lapin Chanceux désire, en effet, embaucher, à sa demande, le présentateur sportif Al Michaels, vedette des chaînes ABC et ESPN, toute deux détenues par la Walt Disney Company. Le commentateur vedette souhaite, il est vrai, rejoindre son partenaire John Madden sur NBC Sports pour présenter les émissions du lundi soir après qu'ABC eut perdu le contrat de diffusion de la National Football League et ce, malgré la signature d'un accord à long terme de diffusion de la NFL sur ESPN. Si le transfert a largement été défini comme une vente, c'est surtout et avant tout un échange de droits avec le passage d'Oswald, le Lapin Chanceux consenti par Universal - NBC dans l'escarcelle de Disney en contrepartie de l'arrêt du contrat liant Al Michaels à la compagnie de Mickey. Le deal se limite, pour la partie consacrée à Oswald, le Lapin Chanceux, aux seuls 26 films produits par l'équipe de Walt Disney et non ceux signés de Charles Mintz ou Walter Lantz.

La sortie de cette compilation a été, pour le moins, chaotique. 2006 voit, en effet, l'avènement d'une nouvelle collection : Walt Disney's Legacy. La première vague présente ainsi, en quatre volumes de deux DVDs, la série des True-Life Adventures. Une publicité fait parallèlement état d'une deuxième vague à sortir en simple DVD cette fois-ci, reprenant trois titres : Destino, Les aventures d'Oswald, le Lapin Chanceux et Disneyland : Secrets, Histoires et Magie.

Pourtant, au début de l'année 2007, de nouvelles péripéties se produisent. Une rumeur amplifiée par les propos de Leonard Maltin, lui-même, laisse penser que la collection des Walt Disney Treasures est stoppée net, à sa sixième vague, abandonnant en plein milieu de son édition la série des Donald, destinée à rester dès lors incomplète. Les fans américains, rapidement rejoints par ceux du monde entier s'indignent. Une campagne de protestation (relayée en France par Zuzu Disney) aboutit à des milliers de lettres envoyées à la Direction de Disney. Cafouillage de communication de la part des studios de Mickey ou réussite de la levée de bouclier de la communauté des passionnés, nul ne saura jamais, mais une chose est sure : Disney annonce, au deuxième trimestre 2007, une septième vague des Walt Disney Treasures. La précipitation se ressent d'ailleurs dans les titres retenus. Sur les trois proposés, deux en effet (Les Aventures d'Oswald, le Lapin Chanceux, Disneyland : Secrets, Histoires et Magie) étaient prévus à l'origine pour la collection Walt Disney's Legacy, le troisième étant, lui, absolument logique (Donald de A à Z - Volume 3).

Ce tour de passe-passe marketing a cependant un réel avantage pour le public. Alors que les éditions envisagées un temps dans la collection des Walt Disney's Legacy, ne devaient comporter qu'un seul disque, leur basculement dans les Walt Disney Treasures leurs permet de s'étoffer grandement. Ainsi, en plus de présenter la totalité des cartoons d'Oswald ayant été conservés (13 sur les 26 originels), l'édition offre, en supplément, un documentaire, The Hand Behind the Mouse : The Ub Iwerks Story, sorti en salle en 1999, et jamais jusqu'alors proposé en DVD. Il apporte un éclairage nouveau sur l'incroyable influence d'Ub Iwerks sur le devenir des studios Disney et le monde de l'animation en général.

Cette édition est un véritable bonheur pour les fans de Disney qui ont, avec elle, la capacité de mesurer l'incroyable talent de Walt Disney dans l'art de créer des personnages attachants et de narrer des histoires divertissantes, et ce malgré le rudiment de l'animation de la fin des années 20. Il est également bluffant de voir à quel point Oswald est beaucoup moins politiquement correct que ne le sera jamais Mickey Mouse dans toute sa carrière...

Les Aventures d'Oswald, Le Lapin Chanceux est une édition "pépite" à conserver précieusement.

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