Zorro - Saison 2

(Noir et Blanc)

Alors que le casting pour la série bat son plein, les studios Disney travaillent d'arrache pied pour mettre en place les autres éléments nécessaires au tournage. La création des décors est sans aucun doute l'un des plus importants. A partir de juin 1955, commande est donc passée auprès des artisans du cinéma pour construire, dans un coin des studios Disney, une représentation de la fameuse place de Los Angeles du temps où elle s'appelait encore, El Pueblo La Reina de Los Angeles, au début des années 1800. Outre l'agora, se retrouvent aussi construits en carton pâtes, la caserne, la taverne ainsi que tous les intérieurs et extérieurs de l'hacienda des De La Vega. Les décors de la série Zorro constituent ainsi les premiers vrais décors permanents des studios de Mickey. Leurs coûts originels s'élèvent à 100 000 $ auxquels Walt Disney fait rajouter pour 65 000 $ d'accessoires et de fournitures. Cumulés aux divers autres frais, les coûts de pré-production se montent ainsi à 208 000 $. Un record pour Disney à l'époque. L'addition est donc salée mais se retrouve sans mal à l'écran : la qualité de réalisation des aventures de l'homme masqué ne souffrent, en effet, d'aucune critique.

Sur la question des coûts de productions, leurs caractères élevés ne se limitent pas au seul stade des préparatifs de la série. Chaque épisode de 30 minutes bénéficie, il est vrai, d'un budget conséquent, compris entre 50 à 100 000 $ plaçant le prix des 39 aventures de la première saison au chiffre record de 3 198 000 $ ! Les chiffres donnent le vertige. A l'époque, le coût moyen d'une heure de série à la télévision coute, en effet, 13 840 $ ; là où Walt dépense, pour Zorro, une moyenne de 82 000 $ pour moitié moins de temps ! Une fois de plus, le papa de Mickey ne rechigne pas à la dépense et place l'envie de qualité au dessus des considérations financières. Traité alors de doux-dingue par la profession, il prend vite sa revanche à la vue du succès rencontré. Plus encore, sur le long terme : la série devient ainsi l'une des plus rentables jamais réalisées à la télévision américaine, toujours diffusée sur le petit écran du monde entier, aussi bien dans les circuits traditionnels (l'hertzien gratuit) que sur le câble.
S'il semble avoir le portefeuille ouvert, Walt Disney rationnalise pour autant les coûts. Ainsi, il organise le tournage des scènes et des plans selon le lieu et non dans la cohérence du récit, étendant d'ailleurs la pratique à plusieurs épisodes afin de rentabiliser au maximum les équipes. Le challenge est de taille, notamment pour les acteurs qui se doivent ainsi d'apprendre leur rôle dans le désordre, changeant continuellement de rythme sans jamais avoir de vision globale des histoires qu'ils jouent.

A ces contraintes financières, s'ajoutent pour certains acteurs des difficultés techniques. Pour être tout à fait convaincant à l'écran, Guy Williams suit ainsi un entrainement intensif d'escrime qu'il reçoit de Fred Cavens, l'entraineur qui forma Douglas Fairbanks Sr et Tyrone Power dans leurs rôles respectifs de Zorro. Le comédien complète également sa formation par des cours de chants et de guitare dans la mesure où son personnage de Don Diego pousse régulièrement la chansonnette en jouant de la gratte quand il s'agit de courtiser ses dames. Malgré cela, Guy Williams n'atteindra jamais le niveau suffisant pour chanter à l'écran et sera donc doublé par Bill Lee, l'un des interprètes de la chanson du générique.

Si les chansons d'amour de Don Diego collent à la peau du Zorro de Disney, la musique instrumentale joue elle-aussi un rôle déterminant dans la série. Le compositeur William Lava a, en effet, la bonne idée d'y livrer une partition construite sur différents thèmes musicaux identifiant chacun des personnages principaux, à la manière de Pierre et le Loup, offrant, par la même, une ambiance spécifique à chaque scène.

L'incroyable volonté de qualité qui caractérise toutes les étapes de la confection de la série est sans aucun doute à la base de son énorme et instantanée popularité. Lors de sa première saison, elle obtient, en effet, une part de marché de 35.7 % qui monte à 38.9 % pour la seconde. Son arrêt brutal ne s'explique dès lors que par le conflit qui fait rage entre ABC et Disney à l'époque ; quatre épisodes spéciaux parvenant tout de même à être diffusés dans l'émission d'anthologie Walt Disney Presents.

La sortie de la saison 2 de Zorro dans la collection des Walt Disney Treasures est une excellente nouvelle. Elle offre, en effet, le privilège de redécouvrir la série comme à son premier jour : en noir et blanc avec une image parfaite, une remasterisation bien heureuse lui ayant été appliquée. Cerise sur le gâteau, la fin de chaque épisode conserve la séquence de présentation du suivant, une coquetterie que les chaines françaises ont toujours refusé de diffuser. Enfin, comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, les deux derniers épisodes des quatre de la minisérie sur Zorro présentée dans l'émission Walt Disney Presents sont proposés en bonus.

Si Zorro bénéficie à plein de la qualité de la collection des Walt Disney Treasures, il n'est pas certain que la réciproque soit vraie pour cette neuvième vague. Elle apparait, en effet, bien pauvre par rapport aux précédentes. Elle est ainsi mono thème (seul Zorro est traité), mono support (elle se restreint au seul média télévision) et mono genre (elle ne propose aucune séquence d'animation). Enfin, il est difficile de ne pas penser qu'elle fait doublon avec l'édition couleur de la série, privant ainsi son contenu du caractère exclusif dont les vagues précédentes pouvaient se prévaloir à juste titre...

Il ne reste dès lors qu'à faire contre mauvaise fortune bon cœur et se consoler en se disant que les aficionados de Zorro seront comblés. Etant précisé qu'ils seront peu à l'être puisque seuls 30 000 exemplaires pour le monde entier sont mis sur le marché...